Récap octobre 2017



Plus de dix jours de retard pour publier ma récap du mois. C’est sûr que ce n’est pas avec une telle régularité que je vais attirer le curieux par ici, encore moins le fidéliser…
Tant pis. L’objectif premier de ce blog n’est-il pas de me tenir lieu de pense-bête ?

Joseph Conrad - Le compagnon secret (Mille et Une Nuits-1997)
Un tout jeune capitaine, un soir qu’il est de garde, aperçoit depuis le pont un cadavre flottant dans l’eau qui s’avère être un clandestin. Instinctivement, il lui vient en aide et, contre le règlement, cache dans sa cabine l’homme à bout de forces.
J’ai ouvert le mois avec un classique, ce qui n'est (malheureusement) pas dans mes habitudes. Et qui plus est, avec Conrad, dont je garde un souvenir épouvantable depuis l’étude de Lord Jim à la fac (moi qui aime tant lire, comment se fait-il que je ne garde aucun bon souvenir de tous les livres étudiés au cours de ma scolarité ?)
Je ne sais plus comment ni où j’ai été sensibilisé à ce texte de Conrad. Je me souviens seulement que c’est la couleur « homoérotique » de son sujet qui m’a motivé. Grand bien m’en a pris car j’ai « redécouvert » Conrad, goûté son style et passé un très bon moment.
Extraits


Michel Rabagliati - Paul à Montréal (La Pastèque-2017)
Un nouvel épisode de Paul… qui n’en est pas vraiment un.
Il s’agit en fait de la collection des 12 cases géantes dessinées par Michel Rabagliati à l’occasion des célébrations du 375e anniversaire de Montréal et qui constituent un parcours urbain à travers le quartier du Plateau Mont-Royal.
Le tout est accompagné d’anecdotes intéressantes et ludiques sur la ville (j’ai ainsi appris qu'en 1869 la boutique de biscuits et de pommes de Moise Tellier est le premier établissement pour homosexuels que l’Amérique du Nord ait connu !)


Rebecca Lighieri - Les garçons de l'été (P.O.L.-2017)
Ce roman toxique dissèque avec un plaisir sadique un foyer bourgeois en apparence idéal pour en révéler la vraie nature dysfonctionnelle suite à l’accident d’un des trois enfants. La lumière éclatante du soleil d’été qui baigne le roman peine à lutter contre la noirceur des protagonistes, jeunes dieux sportifs et bronzés.
J’ai pris un réel plaisir coupable mais ô combien délicieux à assister à l’explosion de cette cellule familiale ; happé du début à la fin comme hypnotisé par le venin exsudé par cette énième variation de tragédie grecque, tour à tour drame familial, suspense psychologique et thriller façon Stephen King.
Dans cet intéressant entretien filmé, l’auteur (dont les mains sans cesse en mouvement trahissent le malaise, ce qui n'a pas manqué de me mettre, moi aussi, mal à l'aise) explique comment son unité d’écriture est la phrase ou la scène selon qu’elle écrit sous le nom d’Emmanuelle Bayamack-Tam ou de Rebecca Lighieri.
Extraits


Christophe Honoré - Ton père (Mercure de France-2017)
Des actes malveillants, visant à dénoncer sa condition de père homosexuel, poussent Christophe Honoré à s’interroger sur son homoparentalité et même jusqu’à sa propre identité d’homosexuel et sur tout ce que la société a pu conditionner dans son parcours personnel… Passionnant.
Je suis inconditionnel d’Honoré et je crois bien avoir tout lu de ses romans pour adultes et la plupart de ses livres pour la jeunesse. Ses questionnements ont trouvé un écho chez moi car si nos parcours sont différents, nous sommes de la même génération, issus du même milieu social de province, avons grandi et appréhendé notre homosexualité sous les regards des mêmes figures tutélaires (sa bibliothèque ressemble beaucoup à la mienne).
Extraits


Alan Hollinghurst - The Sparsholt affair (Picador-2017)
L’histoire débute comme un Campus Novel dans l’Angleterre des années 40 (les fantômes de Donna Tartt et de Benjamin Wood planaient sur le roman et n’augurait déjà rien de bon pour moi) et se termine dans les années 2010, déployant sur 70 ans le mystère autour de la fameuse Sparholt affair (qui ne nous est jamais clairement dévoilée mais dont on devine la teneur au fil de la lecture) et de ses conséquences sur les protagonistes et leur descendance.
Je ressors mitigé de cette lecture. Il semblerait qu’Hollinghurst joue avec moi à la douche écossaise en alternant les romans exaltants et ceux dont je ressors plus ou moins déçu. Celui-ci entre malheureusement dans la deuxième catégorie. Le style est toujours impeccable mais des longueurs ont gâché mon plaisir.
Extraits


Gail Honeyman - Eleanor Oliphant va très bien (Fleuve Editions-2017)
Certains membres d’un groupe Asperger Facebook avaient vu dans ce roman le drôle portrait d’une aspie. Quand mon ami Philippe me l’a recommandé à son tour, y voyant, lui, une déclinaison d’Ugly Betty, je me suis laissé tenter.
Il me faut reconnaître avoir eu du mal à entrer dans l’histoire à cause de son style quelconque et de son intrigue qui me semblait téléphonée. Je ne m'attendais pas à me retrouver avec une resucée de Bridget Jones (ou tout du moins l'idée que je m'en fais d'après les courts extraits que j'ai pu voir du film) Dès la page 43, il était clair que Raymond serait Ze Man (on va bien voir si je fais fausse route, il me reste une centaine de pages à lire). Pour autant, je me suis laissé emporter par Eleanor et ses « excentricités » qui à bien des égards pourrait être mon double.
À suivre…

Commentaires

  1. Je vois que toi aussi, tu évoques Stephen King suite à ta lecture du Lighieri... je crois d'ailleurs que l'évidence de la référence est une volonté de la part de l'auteur..

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    1. Cette référence à Stephen King vaut surtout pour la dernière partie du roman qui m'a évoqué des romans comme Ça ou Simetierre par cette ambiance que tu définis si justement comme de "horreur latente, presque surnaturelle, parfois à la limite du tragi-comique".
      Effectivement, la référence est assumée par l'auteur qui y fait référence dans l'entretien vidéo (vers 2:35/2:40).

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  2. La couleur homoérotique? C'est sûr que c'est troublant. Même si j'ai été plus frappée par une histoire de gémellité?

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    1. Gémellité, oui, aussi… On peut y voir l'un ou l'autre (voire les deux), en fonction de son vécu.

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