Récap juillet 2017


Hubert & Paul Burckel - La nuit mange le jour (Glenat 1000 Feuilles-2017)
À peine sort-il de chez Fred que Thomas sent que cette aventure n’est pas qu’un coup d’un soir. Elle est différente des autres. Il le sent, il le sait : il est tombé amoureux de ce grand barbu, photographe d’une quarantaine d’années. Commence une relation électrique, dans laquelle s’installe entre les deux hommes une passion sauvage et sensuelle d’où la brutalité n’est pas exclue.
Fasciné, Thomas ne se sent pas à la hauteur. Il ne peut s’empêcher de se demander ce que Fred peut trouver à un mec comme lui, à des années-lumière d’Alex, son ex, dont les photos couvrent les murs de l’appartement.
Pour continuer à plaire à Fred, Thomas va repousser ses limites, et aller toujours plus loin dans la soumission et la violence. Cette facette inconnue de sa personnalité le déstabilise ; le plaisir qu’il en tire le trouble et l’effraie. D’autant que Fred refuse de s’étendre sur sa relation avec Alex et sur ce qu’il est advenu de son amant…
Dérangeant mais pas trash, explicite mais pas porno, subtil et haletant, le tout peut se mettre sans problème entre toutes les mains (mais quand même un peu adultes). Libération


Pierre Boulle - Les Jeux de l'esprit (Julliard-1971)
Lassés par l’incompétence des politiciens à travers le monde, les savants prennent le pouvoir et créent le premier Gouvernement Scientifique Mondial. Leur programme : instaurer la paix universelle, l'accès à la connaissance et le développement des loisirs pour tous grâce à l’avènement des nouvelles technologies.
À peine ont-ils réussi qu’on constate une hausse affolant des cas de suicide chez les habitants de la Terre, frappés par l’ennui et la P.C.E. (perte de confiance en l'ego). Pour remédier à la situation, vont leur être proposés des divertissements toujours plus brutaux, où ses déchaînent les plus bas instincts humains,
« Donnez-leur du pain et des jeux. » Le sujet n’est pas original mais une version anticipation par le père de La Planète des Singes semblait prometteuse. Sauf que je me suis ennuyé. Le style descriptif, plat et vieillot, y est sans doute pour beaucoup. Si le récit invite à de multiples questions (La soif de connaissance peut-elle être tarie par trop de confort ? La technologie et l’avancée scientifique rendent-ils bêtes, dépendants ?…), les personnages restent tout en surface, leur psychologie peu creusée. On apprécie bien quelques coups de griffe ironiques ici et là sur les humains abêtis par leur goût de la facilité à tout prix ou sur les savants qui se croient supérieurs au reste de l’humanité mais se montrent aussi bornés et incapables que les politiciens.
« Cela ne suffisait pas aux anciens habitants des taudis qui exigeaient l’air conditionné partout, le téléphone et la télévision dans chaque pièce, des fenêtres et des stores à commande automatique qu’on pût manœuvrer du lit et, en général, un équipement mécanique, électrique, électronique destiné à éviter tout effort. Chaque famille voulait avoir sa piscine. Cette soif de bien-être, ce désir du monde de s’approprier les acquisitions de la science et de la technique sans en comprendre l’esprit et sans avoir participé à l’effort intellectuel de découverte, ne se limitaient pas aux habitations. Pour les satisfaire il fallait construire des villes nouvelles, où les rues et les places étaient chauffées l’hiver et rafraîchies l’été. »


John Boyne - The Heart’s Invisible Furies (Doubleday-2016)
Né hors mariage dans l’Irlande des années 1940, Cyril Avery est confié à une religieuse par sa jeune mère de seize ans, obligée de quitter son village, conspuée jusqu’à sa propre famille. Il sera adopté par un riche couple d’excentriques de Dublin qui ne cessent de lui rappeler qu’ils sont ses parents adoptifs et que lui-même n’est pas un « vrai » Avery.
Alors oui, la trame est cousue de fil blanc, les coïncidences sont souvent improbables, les personnages et les situations parfois à la limite de la caricature… Et pourtant, je n’ai pas boudé mon plaisir et j’ai dévoré ce pavé. J’ai suivi avec ravissement le parcours de Cyril, de sa longue amitié d’enfance avec Julian Woodbead, à sa rencontre avec Bastiaan… De l’Irlande aux Pays-Bas, en passant par New York et Dublin, il n’aura de cesse de découvrir qui il est vraiment et d’où il vient. Il y a du personnage de Dickens chez lui. Boyne en profite pour dresser une « histoire » de l’évolution (très lente) des mœurs en Irlande ces 70 dernières années.
Un bon (grand) moment de distraction.
Extraits


Marie-Josée Cordeau - Derrière le mur de verre-52 semaines avec une autiste Asperger (Cornac-2015)
Collection de billets originellement publiés sur le blog de l’auteure, diagnostiquée autiste Asperger à 45 ans. À raison d’un texte par semaine, elle y raconte non sans humour son parcours personnel depuis sa petite enfance. Tout en dédramatisant, elle explique les obstacles (le fameux mur de verre) auxquels elle se trouve confrontée au quotidien.
Un livre dans lequel j’ai surligné de trop nombreux passages pour les reproduire ici et dont j’ai bien l’intention de me servir si le besoin se fait sentir autour de moi.
Un lien vers ce qui pourrait presque devenir une profession de foi.


Hannah Tinti - The Twelve Lives of Samuel Hawley (Dial Press-2017)
Si j’ai mis ce roman de côté un moment, ce n’est pas par manque d’intérêt, loin de là. C’est juste que je venais d’entamer sa lecture quand on m’a annoncé mon diagnostic TSA. Je l’ai donc délaissé le temps de lire le livre de Marie-Josée Cordeau, plus en phase avec mes préoccupations du moment.
 Je n’en suis donc pas loin dans ma lecture de ce qui est à la fois un road trip façon western, un roman noir, un roman d’apprentissage mais surtout l’histoire de la relation forte qui unit un père, Hawley, anti-héros loser et marginal, à sa jeune fille d’une douzaine d’années, Loo. Les chapitres alternent le présent, avec l’installation chaotique, après des années de cavale, du père et de sa fille dans un patelin du Massachusetts, et le passé, avec le récit des douze épisodes qui ont valu à Hawley de se prendre une balle dans le corps à chaque fois. En trame de fond, l’absence de la mère, morte peu après la naissance de Loo… qui devrait nous réserver de belles révélations en fin de roman…
À suivre, donc.

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