Récap juin 2017


Arnaud Catherine - A la place du cœur Saison 2 (Robert Laffont-2017)
Après les attentats et les bouleversements qu’ils ont entrainé dans leur quotidien, la vie continue pour les ados, Caumes, Niels et Esther.
Quand une œuvre nous a plu et qu’on en découvre une suite, l’appréhension est forte d’être déçu, que le filon soit usé. Ce n’est pas le cas ici. On retrouve la bande d’ados (à laquelle se joint un nouveau membre, Amin) avec plaisir. Sentiments, répliques, références… tout sonne juste. On en vient même à espérer la publication de la prochaine saison ! 
« J’avance, mécaniquement. Je croise des dizaines de corps, la plupart brunis à l’excès, le nez tendu vers l’horizon, tous absorbés par le simple fait de se tenir debout devant l’un des chefs-d’œuvre de la nature : l’océan ; et moi ressassant à chaque pas l’épreuve du délaissement, tandis qu’à vingt kilomètres de là Caumes attend un mort, Caumes attend son mort ou plutôt le retient. Je ne dis pas que les disparus ont une date de péremption mais quand même : je suis sûr qu’on a le pouvoir de retenir les morts si on n’y prend pas garde. On croit honorer leur mémoire et, en réalité, on les enferme en nous-mêmes, on s’enferme avec eux. Ou bien… on fait tout simplement ce qu’on peut. Je suis dur : Caumes fait vraisemblablement ce qu’il peut… »


Judith Perrignon - Victor Hugo vient de mourir (L'Iconoclaste-2015)
Après quelques jours d’agonie, le Grand Homme est mort. Ses funérailles nationales vont bouleverser la vie de la nation toute entière ; religieux, politiciens, gens des rues, notables… chacun cherche à s’approprier l’héritage d’Hugo.
Si on imagine l’ampleur du travail de recherche et de documentation que peut demander un tel ouvrage, à aucun moment cela ne transparait dans la fluidité du récit. On y est, on est en mai 1885, on fait partie de cette foule qui patiente sous les fenêtres de la maison de l’auteur.
Extraits



Alexandra Reynaud - Asperger et fière de l'être (Eyrolles-2017)
Un livre intéressant par bien des aspects, qui remet les pendules à l’heure, corrige certaines idées préconçues…
Malheureusement pour moi, l’auteur m'a perdu dans la grande partie de son essai qu'elle consacre au THPI et au cas particulier de son fils, dans laquelle je ne me suis pas du tout retrouvé et qui, du coup, ne m’a pas intéressé.


Louise Brooks - Loulou à Hollywood, Mémoires (Tallandier Texto-2008)
Dans ce récit autobiographique, Louise Brooks se révèle une femme furieusement indépendante ce qui lui vaudra d’être rapidement mis au ban d’Hollywood, malgré de beaux succès à son palmarès. Même si elle n’hésite pas à dévoiler avec franchise certains pans peu glorieux (voire peu avouables) de sa vie et de son caractère, on referme ce récit avec un goût de trop peu, notamment sur son existence recluse, une fois qu’elle a mis fin à sa carrière.
Extraits


Anna Gavalda - Fendre l'armure (Le Dilettante-2017)
L’article d’Éric Vuillard dans Le Monde* résume assez fidèlement le sentiment qui m’a habité tout au long de la lecture de ce nouveau recueil de nouvelles d’Anna Gavalda. Et pourtant… à certains moments, je dois reconnaître que je n’ai pas boudé mon plaisir.
Alors que L’amour courtois est quasi unanimement critiqué pour son style, jugé caricatural, je me suis régalé de quelques répliques. La nouvelle Mon chien va mourir, la plus belle et la plus réussie selon moi, est vraiment émouvante.
Extraits
*La lecture des commentaires et les réactions outrées du club des défenseurs de Ste-Gavalda est savoureuse.


Stéphanie Pèlerin - (Presque) Jeune (Presque) Jolie (De nouveau) Célibataire (Fayard Mazarine-2016)
La chick-lit (on me souffle dans l’oreillette qu’on dit désormais « romance », jugé moins péjoratif), ce n’est pas vraiment ma tasse d’eau de rose. Mais la curiosité l’emporte quand l’auteur est une blogueuse sympathique, croisée à quelques rares occasions, et que le roman est encensé avec  enthousiasme sur les blogs et réseaux sociaux.
Au final, on se retrouve avec une histoire qui répond aux (nouveaux) codes du genre : une héroïne sympathique et décomplexée à la recherche de l’amour, et qui va le trouver après moult péripéties. Stéphanie ne manque ni de répartie, ni d’humour (on peut rapidement le constater en lisant son blog) et cela transparait dans son histoire, rythmée et souvent drôle.
Un gros bémol pour moi cependant : le « mystère/coup de théâtre » à l'origine du retournement final de situation était cousu de fil blanc et n'a donc pas fonctionné comme escompté. Dommage.


Olivier Tallec - Bonne continuation (Rue de Sèvres-2016)
Une page, un dessin.
Un sens de l’absurde et de l’ironie. C’est très drôle et souvent grinçant.


Voutch - Le grand tourbillon de la vie (Le Cherche Midi-2010)
J’adore l’humour de Voutch. Avec ironie, il dénonce le cynisme de la société… et on sourit jaune.


Daniel Magariel - One of the boys (Scribner-2017)
Deux garçons, le narrateur d’une douzaine d’années, et son frère aîné, sont les jouets de leur père, looser junkie, à qui le tribunal des divorces vient de confier la garde aux dépends de leur mère.
Un déménagement pour recommencer tout à zéro ne changera pas grand-chose à la situation des deux gamins qui, livrés à eux-mêmes, vont être victimes de la violence physique et du chantage affectif permanent de leur père tandis qu’ils se mettent en quatre et sont prêts à tout pour donner satisfaction à ses moindres caprices et humeurs.
Ça m’a rappelé la relation toxique du père et du fils de Sukkwann Island, de David Vann. Glaçant.
« My mind wouldn’t let me sleep. I lay there one minute at a time for what seemed like hours. My brother still wasn’t home. I worried about him. I brimmed with a strange kind of sadness. As if I were full of emptiness. As if emptiness were an abundant thing. Maybe this feeling was the reason my mother couldn’t get out of bed for months after their separation. And where was she? I needed her now. An angry voice inside told me to stop being dramatic, suck it up. She had abandoned us. The escape plan had failed. I’d let my brother down. Now he was missing. I shouldn’t act so surprised—these were my circumstances. This was my life. And outside the door my father lurked. I hated the idea that maybe he’d helped me to bed last night. I didn’t want his kindness. His cruelty was less confusing. »


Maxime Gillio - Ma fille voulait mettre son doigt dans le nez des autres (Pygmalion, Flammarion-2017)
Récit autobiographique publié à l’origine sous forme de billets Facebook, rassemblées ici. À la façon d’un Jean-Louis Fournier avec Où on va papa ?, il dédramatise la situation en faisant preuve d’un humour qui frise souvent le cynisme. C’est drôle souvent ((le politiquement non correct assumé est rafraîchissant), émouvant parfois.
Pour autant, j'aurais aimé que Maxime Gillio abandonne de temps à autre cette posture d'auteur derrière laquelle se cache le papa, le temps de tomber l'armure pour se dévoiler un peu et laisser pointer ses vrais sentiments…
« Tu sais, chérie, je joue depuis si longtemps avec mes masques, je porte tant d’armures que j’en oublie parfois de quoi je suis fait. »


John Cheever - L'homme de ses rêves (Joëlle Losfeld-2011)
De Cheever, considéré comme un des maîtres de la nouvelle américaine, à l’instar de Carver, j'avais beaucoup aimé la nouvelle The swimmer, qui a inspiré le film éponyme de Franck Perry, avec Burt Lancaster (Le plongeon, en VF). Une belle découverte faite l'an dernier et que je dois à Guillaume et Fabien.
J'ai donc poursuivi ma découverte de Cheever avec ce recueil qui rassemble des textes publiés dans des revues dans les années 30-40. Si l'atmosphère y est très différente de celle de The Swimmer (Grande Dépression, mélancolie, désillusions, joueurs et courses de chevaux…), l'auteur tient ses promesses.
« Tilly Dexter aurait pu être taxée de bavarde, de distraite, de maladroite dans le choix de ses amitiés, mais jusque-là, on ne pouvait l’accuser de s’être montrée sous un jour comique ou ridicule. C’était une femme qui tenait à sa dignité, et cette perte ne fut pas sans douleur. »
L'homme de ses rêves


Hubert & Virginie Augustin - Monsieur désire (Glénat-Septembre 2016)
Downton Abbey à la sauce Liaisons dangereuses.
Un maître libertin et arrogant fait sa confidente, son ange gardien d’une des domestiques au visage ingrat de la maisonnée. Prenant plaisir  la coquer et à la déstabiliser, il ne lui épargne rien des récits de ses exploits amoureux ; elle, veille sur lui quand il rentre ivre de ses soirées de débauche et de beuverie. Rapidement, le statut à part de la jeune fille va faire jaser parmi les domestiques qui voient cette relation « spéciale » d’un très mauvais œil.
Extraits


Pierre Christin & Olivier Balez - Robert Moses, the Master Builder of New York City (Nobrow-2014)
L’histoire de Robert Moses, architecte américain qui, se rêvant en Haussmann américain, va donner son visage moderne à New York, en y concrétisant sa vision de l’urbanisme à l’occasion de travaux souvent pharaoniques. Visionnaire, pour les uns ; tyran détestable pour ses adversaires, au nombre desquels  Jane Jacobs, opposante tenace, à la vision plus humaine du bien-vivre à NYC.
Deux personnages majeurs de l’histoire américaine, et plus particulièrement de New York, dont j’ignorais tout avant de lire cette BD passionnante et graphiquement superbe.


Marie-Ève Lacasse - Peggy dans les phares (Flammarion-2017)
Un portrait de Peggy Roche, mannequin, styliste, journaliste de mode, mariée très jeune à un grand résistant, puis à Claude Brasseur, avant de devenir la compagne inséparable de Françoise Sagan, dans l'ombre de laquelle elle vivait. En creux, bien évidemment, un portrait de Sagan, mais aussi de ses amis.
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