Récap janvier 2017


Harry Parker - Anatomie d'un soldat (Christian Bourgois-2016)
Rien de plus à ajouter que ce que j’en ai déjà dit. Une fois que j’ai réussi à oublier le procédé qui consiste à faire parler les objets (je pense que le texte aurait été aussi fort et aussi original sans cela), j’ai mieux apprécié le récit de ce soldat blessé par une bombe artisanale, l’ambiance et la tension qui règnent sur le terrain, le rapatriement au pays et les mois de convalescence à essayer d’apprivoiser la prothèse et de continuer à vivre.
« Eh, jolie gambette, mon pote. » Il a souri. « Bon sang, t’as fait la guerre, non ? »
Tom lui a souri.
« Une bombe, non ? Ça en a l’air.
- J’ai bien peur que oui. Saut en hauteur assisté par explosif. »



Rabih Alameddine - An unnecessary woman (Grove Press-2014)
Quel personnage que cette Aaliya Saleh, libanaise arabe septuagénaire, plus vraie que nature,  impertinente et insoumise, féministe et athée, traductrice opiniâtre qui s’attelle chaque 1er janvier à un nouveau roman, amoureuse folle des livres et de la littérature, de la musique classique (plus particulièrement de Chopin) et de sa ville de Beyrouth qu’elle n’a jamais quitté malgré les différentes guerres qui l’ont défigurée.
Un roman qui conforte le lecteur dans son vice et lui donne envie de lire plus encore et de découvrir toutes les œuvres et tous les auteurs auxquels il est fait référence.
“He had died with an erection that would not relent, priapism in the final throes, an irony worthy of Svevo.
In death Eros triumphed, while in life Thanatos had. My husband was a Freudian dyslexic.”
(p. 19)

“Of all the delicious pleasures my body has begun to refuse me, sleep is the most precious, the sacred gift I miss the most.” (p. 21)

“On a couch, on a bed, in a chair I slept. Lines would melt away from my face. Each quiet tick of the clock rejuvenated me. Why is that at the age when we need the curative powers of slumber most we least have access to it? Hypnos fades as Thanatos approaches.” (p. 23)

“Even though I believe that the choice of a first book, the book that opens your eyes and quickens your soul, is as involuntary as a first crush, I still wish he’s chosen a different one.” (p. 33)

“There is none more conformist than one who flaunts his individuality” (p. 33)

“We lie down with hope and wake up with lies.” (p. 39)

“The receding perspective of my past smothers my present.” (p. 39)

“I have reached the age where life has become a series of accepted defeats – age and defeat, blood brothers faithful to the end.” (p. 41)

“Beirut is the Elizabeth Taylor of cities: insane, beautiful, tacky, falling apart, aging, and forever drama laden. She’ll also marry any infatuated suitor who promises to make her life more comfortable, no matter how inappropriate he is.” (p. 69)

“You think you love art because you have a sensitive soul.
Isn’t a sensitive soul simply a means of transforming a deficiency into proud disdain?”
(p. 86)

“I have my writers’ neuroses but nor their talents.” (p. 86)

“I walk myself back to my bedroom, back to the stack of books on my mirrorless vanity, unread books that I intend to read, a large stack. Choosing which book isn’t difficult. The choice is typically the last one I brought home. I acquire books constantly and place them in the to-read pile. When I finish with whatever book I’m reading, I begin the last book I bought, the one that caught my attention last. Of course, the pile grows and grows until I decide that I’m not going to buy a single book until I read mu stack. Sometimes that works.” (p. 87)



Julie Dachez & Mademoiselle Caroline - La différence invisible (Delcourt Mirages-2016)
Marguerite, alias Super Pepette, raconte son quotidien, son mal-être, l’éternel décalage dont elle souffre en société et le parcours du combattant qu’elle a dû suivre pour être diagnostiquée et mettre un nom sur cette différence invisible : le syndrome d’Asperger. J’ai bien aimé le traitement graphique à la fois simple et très expressif.
Évidemment, le récit a provoqué beaucoup d’échos chez moi.
« Votre différence ne fait pas partie du problème, mais de la solution.
C'est un remède à notre société, malade de la normalité
Il n'y a rien à guérir chez vous, rien à changer. Votre rôle n'est pas de rentrer dans un moule, mais plutôt d'aider les autres - tous les autres - à sortir de celui dans lequel ils sont enfermés. »

« Marguerite en a marre. Marre d’être jugée en permanence. Marre d’essayer de faire comme les autres. Les autres dont elle a l’apparence, mais guère plus. Marre de tout ça. Au fond d’elle, Marguerite sait qu’elle vaut la peine d’être aimée pour de vrai. »

« C'est normal que je sois “anormale” c'est génial ! »



Eva Bester - Remèdes à la mélancolie. La consolation par les arts (Autrement-2016)
Cadeau de Sister pour Noël, ce livre est une déclinaison d’une émission dominicale de France Inter que je n’ai jamais suivie. À chaque émission, un invité livre à l’animatrice, Eva Bester, les rapports qu’il entretient avec la mélancolie et les remèdes à sa disposition pour sortir de cet état/l’entretenir/le supporter… comme autant de trésors artistiques (littéraires, cinématographiques, musicaux, picturaux….) à (re)découvrir.


Gay Talese  - Le motel du voyeur (Éditions du Sous-Sol-2016)
Dans les années 60, Gerald Foos fait l’acquisition d’un motel et durant une quinzaine d'années va jouer les voyeurs en espionnant la vie de ses clients à travers une grille d’aération installée dans le plafond de certaines chambres. Année après année, il consigne toutes ses observations dans un carnet et finit par se prendre pour un sociologue étudiant l’évolution des mœurs (sexuelles) chez ses semblables.
Un bouquin que j’ai bien failli abandonner rapidement tant la succession des comptes-rendus de Foos sur les coucheries de ses clients ne correspondait pas à l’idée que je m’étais fait du livre. J’avais imaginé que Talese s’intéresserait plus à la personnalité même du voyeur qu’à son « œuvre ». L’aspect « sociologique » de l’enquête est vraiment superficiel et léger… Une vraie déception.
L’avis du Pr Platypus qui résume très bien le mien.


Pierre Bost - Monsieur Ladmiral va bientôt mourir (Gallimard L'imaginaire-2005/1945)
Je ne me souviens plus où j’ai entendu parler de ce roman qui s’avère être la base du film de Tavernier, Un dimanche à la campagne, que je n’ai pas vu.
Je l’ai à peine entamé et ne peux pas en dire grand-chose à ce jour si ce n’est que l’atmosphère y est agréablement désuète et mélancolique.
Extraits

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